93x73 cm ~ Peinture, Acrylique
- »J'aime ta souffrance et je la peins ! »
Picasso n'aime rien autant que les femmes et collectionne muses et modèles, séducteur cruel et fantasque, il est jaloux et extrêmement possessif, (ne cloitrait-il pas Fernande, dans leur appartement ?) . Il se sait infidèle et exigeant en amour, d'un tempérament machiste et autoritaire, mais il considère néanmoins les femmes comme étant les clés de sa peinture, indispensables à sa création.
- »La peinture n'est jamais chaste. », aimait il à dire.
Aussi est-ce dans une sorte de ballet continu de muses, d'épouses, de maîtresses et de prostitués que va se dérouler son existence et scander son œuvre immense.
Un pulsion sauvage où se confondent les cultures grecques et espagnole, toutes deux frappées du sceau tragique et du même plomb vibrant du soleil, anime son œuvre et fait flamboyer sa relation aux femmes. Un tableau daté de 1936 intitulé Dora et le Minotaure, pourrait bien refléter la nature de la relation que Pablo entretient avec Dora Maar la photographe, sorte d'allégorie antique de l'union sauvage qui unit les amants.
Quand Pablo rencontre Dora, il a 54 ans et elle, 28 ans. Sa vie est déborde déjà de de liaisons fatales et violentes, l'idéal de ce que Picasso réclame de la peinture, la fureur et l'énergie, l'abondance et la brûlure. Ce n'est pas une jeune fille fragile et démunie que Paul Eluard lui fait rencontrer à la terrasse des « Deux Magots » mais une femme au caractère bien trempé et célèbre. Egérie comme beaucoup de sa génération, du surréalisme, amie de Breton et de Brassa qui la forma avec Man Ray,à la photographie, elle dirige son propre studio, où elle fait poser mannequins et figures emblématiques du Tout Paris.C'est juste au moment où Pablo traverse une période difficile, sêche, qu'elle entre dans sa vie.
Son tempérament, sa soif de liberté, son émancipation, sa modernité, son assurance quasi virile, (elle aime s'habiller en garçon) plaisent à Picasso, et laisse présager un feu intérieur qui brûle et dont il pressent la violence. Il devient donc son amant, sans pour autant rompre avec Marie-Thérèse avec qui il a une fille : Maya. Mais Dora, emportée par la passion accepte tout, encline aux orages et aux explosions. Picasso le sait,et c'est avec ce regain d'énergie foudroyante que le désir créateur va renaître, exalté par la photographe.
Les années au cours desquelles ils vont vivre ensemble sont de plomb. L'histoire s'invite dans la vie euphorique et créative de Saint-Germain-Des-Prés. La guerre d'Espagne va raviver son identité et, prenant parti pour les Républicains, il se lance dans l'aventure de « Guernica » en 1937.Dora Maar suivra la progression de l'oeuvre en exécutant un véritable reportage sur le tableau en train de se faire , inventant le premier « work in progress » ! C'est une première en photographie où Dora s'investit pleinement. Picasso travaille avec elle et ils sont tous les deux dans la fusion créatrice. Mais tandis qu'elle l'immortalise, Picasso lui demande un investissement total, qu'elle entre, elle-même dans son processus, qu'elle en devine les élans et les hésitations, qu'elle en dessine avec lui les lignes secrètes....Et sur les conseils du Maître, et par amour, elle abandonne la photo pour s'initier à la peinture. Mais Dora n'est pas Picasso. Stratégie perverse du Maître ? N'en doutons pas !
Jamais Dora n'atteindra la puissance innovante de son amant, la laissant dans une position subalterne qui ne peut que le réjouir. Le Minotaure est donc à l'oeuvre et lentement, méthodiquement, il va dépecer sa proie devenue de plus en plus fragile, de plus en plus vulnérable, jusqu'à l'abandonner à sa triste frustration et à sa solitude .
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